Derriere le blob, la recherche CNRS
Matériel & activités pédagogiques

Derrière le blob, la recherche avec le CNRS

Nous avons eu la chance d’être sélectionnés pour participer avec 15 000 personnes à l’expérience de science participative proposée par le CNRS « Derrière le blob, la recherche » !
C’est une magnifique occasion pour les loupiots de prendre contact avec les sciences, les expériences, la démarche scientifique, les manipulations…

Accès rapide aux chapitres de ce long (mais passionnant ^^) article :

C’est quoi un blob ???
Expériences du CNRS par les loupiots ( Le matériel, nos blobs, le réveil des blobs, les protocoles…)
Nos plus beaux blobs (non, ce n’est pas de l’ironie !)
Les expériences libres des loupiots
Pour aller plus loin

Cet article sera mis à jour très régulièrement durant les mois de mai et juin 2022.
Vous trouverez en fin d’article des liens vers des vidéos et des articles pour en apprendre plus sur le blob.

C’est quoi un blob ???

Le blob, nous connaissions déjà grâce à cette petite vidéo :

Les loupiots s’étaient alors intéressés à lui, fouillant le jardin espérant y trouver un blob. C’était notre première année d’école à la maison, ce blog n’existait pas encore et j’avais demandé aux loupiots de faire une petite fiche sur le blob pour la conserver dans leurs classeurs. Ils étaient en CE1 et cette fiche est donc essentiellement du copier/coller d’informations glanées sur le net.

Nous voila 3 ans plus tard et nous avons tenté notre chance en rejoignant les 26 000 inscrits pour 15 000 futurs sélectionnés à l’expérience du CNRS « Derrière le blob, la recherche ». Et c’est un blob qui a sélectionné les participants !

Si vous voulez en apprendre plus sur le blob, nous vous conseillons de regarder ce documentaire d’Arte : « Le blob, un génie sans cerveau »

Le matériel

Dès lors il nous fallait nous équiper. Le CNRS tient à jour une page de son site qui est dédié à l’expérience participative et moult documents associés. Voilà par exemple la liste du matériel. Et tout de suite on voit que ça ne rigole pas.

  • Une ampoule infrarouge chauffante de 75W (5 modèles possibles)
  • 40 boites de Pétri d’un modèle bien précis (90mm de diamètre avec 3 ergots)
  • 2 thermomètres électroniques identiques (14 modèles possibles dont des thermomètres hygromètres)
  • Des flocons d’avoine d’une marque précise (c’est la nourriture des blobs)
  • De l’agar agar d’une marque précise (c’est le lit des blobs, ce sur quoi il vont se développer)
  • Une bouteille de soda de 50 cl (la bouteille pour mesurer des quantité d’eau pour fabriquer la gélose d’agar agar, le bouchon pour mesurer la quantité de nourriture donnée aux blobs)
  • Un cahier (pour noter toutes les manipulations)
  • 2 boîtes à chaussures identiques (pour fabriquer les « blobs houses »)
  • Un petit couteau à beurre (pour découper les blobs)
  • Un téléphone, une tablette ou un appareil photo (pour prendre des photos des blobs le matin et le soir)
  • Un mètre ruban (pour l’instant il nous a servi à vérifier que les 2 blobs houses sont à plus d’un mètre l’une de l’autre)
  • Une lampe pour fixer l’ampoule (acceptant une ampoule de 75W, donc une lampe spécifique aux terrarium)
  • Un rouleau de scotch
  • Des ciseaux ou un cutter
  • Deux marqueurs de deux couleurs différentes (pour noter des informations sur les boites de Pétri)
  • Un double décimètre
  • Deux feuilles de papier sombre (pour garnir le fond des blobs houses afin de faire des photos bien contrastées)

Pourquoi tant de précisions ?
Pour que nous ayons tous un matériel identique afin que nos expériences soient similaires.


Le document a évolué au cours des mois, peu bien évidemment mais au début il n’était pas précisé qu’il fallait une lampe acceptant les ampoules 75W. Oui, ça parait évident mais apparemment je n’ai pas été la seule à ne pas avoir percuté qu’il nous faudrait investir en plus dans une lampe dédiée aux terrarium. Ce petit détails a entraîné un retard conséquent de notre début d’expérimentation. D’autres participants ont eu des problèmes pour trouver les boites de Pétri qui étaient en rupture de stock chez tous les fournisseurs proposés. Il faut dire que 15 000 personnes qui ont chacune besoin de 40 boites minimum, ça a dû surprendre les sites de vente d’articles de sciences !

Nos blobs

Plusieurs souches de blobs ont été envoyés aux 15 000 participants de « Derrière le blob, la recherche ». Et là, je laisse la parole au CNRS :

« Les individus qui appartiennent à une même souche sont des clones d’un unique individu, ils sont donc de la même espèce. Pour notre grand projet participatif, nous travaillons avec 8 souches différentes issues de 2 espèces :
Physarum polycephalum : AUS, JM, DW, LU et MALU (5 souches d’une espèce)
Badhamia utricularis : B1, B2 et B3 (3 souches d’une autre espèce)

Et elles ont chacune leurs caractéristiques !
D’abord les souches de Physarum polycephalum qui sont jaunes.
AUS : Cette souche vient d’Australie et c’est de cette origine qu’elle tire son nom. D’un jaune poussin, c’est une souche très sensible aux changements de température. Elle est relativement lente mais elle est cependant très maligne ! En effet, c’est cette souche que les scientifiques ont utilisé lors de leurs travaux sur l’apprentissage.
JM : Son petit nom à elle, c’est Jean-Michel ! Elle est issue d’un croisement entre un blob japonais et un américain. Il fait partie de la team des blobs qui prennent leur temps, il est donc plutôt lent. [Surnom : Jean-Michel]
DW : Son nom complet est Day Walker qui signifie marcheur de jour. On lui a donné ce nom car il résiste bien à la lumière. Cette souche est relativement rapide. [Surnom : Icare]
LU : De son nom complet LU352, cette souche est la célébrité du groupe. C’est elle qui a accompagné Thomas Pesquet dans l’espace ! Cette souche sera un blob rapide et très résistant aux changements de températures. Elle a de lointaines origines américaines. [Surnom : Astroboy]
MALU : C’est plus rapide à dire que MA275xLU352, le réel nom de MALU. Vous l’avez peut-être deviné à son nom, il fait partie de la descendance de LU ! C’est une souche rapide qui vient du Wisconsin aux Etats-Unis. Attention, ne vous inquiétez pas s’il tourne au orange, c’est normal avec MALU ! [Surnom : Kenny]

Ensuite, les souches de Badhamia utricularis qui sont oranges et plus gluantes.
B1 : Cette souche vient d’un Badhamia français ! Elle a été trouvée à Saint-Germain-les-Belles dans la Haute Vienne. B1 est sûrement le blob le plus lent de toutes les souches (mais on l’aime quand même !). [Surnom : Scarlet]
B2 : Cette souche a également fait du chemin car elle nous vient d’Autriche. Elle fait également partie des souches un peu lentes. [Surnom : Ponyo]
B3 : Enfin, la souche B3 vient du Lot. Et oui encore une française ! C’est la plus rapide de nos souches de Badhamia. Elle reste cependant assez lente comparativement à LU ou MALU par exemple.« 

Nous ferons donc les expériences avec Scarlet !

Sclérotes de blobs

Les protocoles

Parmi les 15 protocoles, 4 nous ont été attribués :

Nous avons donc 3 protocoles de 5 jours et 1 protocole de 10 jours à réaliser.

Le réveil des blobs

Dimanche 1er mai

Nous avons préparé les boites de Pétri…

… les blobs houses…

… installé tout le matériel dans une pièce et fait des tests avec l’ampoule chauffante…

Les blobs houses sont installées dans une pièce plutôt fraîche dont les volets sont fermés toutes la journée.

  • Blob test température
  • Lampe chauffante
  • Distance des blobs houses
  • Distance des blobs houses

… découpé les sclérotes de blobs (le blobs en dormance reçus par courrier), préparé la gélose d’agar agar et enfin nous avons réveillé les blobs.

Blob boites de Pétri
Boites de Pétri avec le gélose pour les 4 prochains jours

Pour cela rien de bien compliqué. Après avoir fabriqué et refroidi la gélose d’agar agar, nous avons trempé les blobs dans un verre d’eau et les avons déposés sur la gélose. Un demi bouchon de flocons d’avoine et on se retrouve demain à la même heure. Comme la souche B1 est la plus lente, il faudra peut-être plus que 6 jours (comme préconisé) pour achever le réveil des blobs.

  • reveil du blob
  • reveil du blob
  • reveil du blob
  • reveil du blob
  • reveil du blob

Voilà le réveil de notre B1 en 9 jours :

  • Réveil du blob J1
  • Réveil de blob B1 J2
  • Réveil de blob B1 J3
  • Réveil de blob B1 J4
  • Réveil de blob B1 J5
  • Réveil de blob B1 J6
  • Réveil de blob B1 J7
  • Réveil de blob B1 J8
  • Réveil de blob B1 J9

Les manipulations lors des protocoles

Elles sont toujours les mêmes, quelque soit le protocole ou sa durée (5 ou 10 jours). Absolument TOUT est noté dans le cahier : les informations demandées, nos observations particulières, nos erreurs (comme le jour où on a oublié de nourrir un blob…)

Les blobs sont séparés en 2 groupes. Le groupe contrôle reste toujours à température ambiante alors que le groupe expérimental est soumis à une ou plusieurs variations de températures durant le protocole.

Manipulations du matin

Nous relevons la température ambiante, la température minimale et maximale puis nous réinitialisons les thermomètres. Évidemment, pour le groupe expérimental, c’est la température de la blob house sous lampe chauffante que nous relevons.

Pour chaque groupe (expérimental et contrôle) nous découpons le blob en 2 parties égales. La partie « récente » part dans une boite de Pétri avec une gélose toute neuve et est nourrie aux flocons d’avoine. C’est l’expérience Croissance.

La partie « ancienne » est emporte-piècée (non, ce terme ne doit pas exister effectivement) à l’aide d’un bouchon de bouteille d’Orangina, à 2 reprises. Chacun de ces ronds de blobs + sa gélose part dans une boite de Pétri avec une gélose toute neuve sans ajouter de flocon d’avoine. C’est l’expérience Exploration.

On a donc 2 découpages différents :

Expériences croissance et exploration
Expérience croissance à gauche – Expérience exploration à droite

Les boites de Pétri sont rangées toujours dans le même ordre dans la blob house :

Manipulations du matin

La blob house Contrôle est recouverte d’un tissu, la blob house expérimentale n’est pas couverte et est exposée directement à la lampe chauffante. La température est à nouveau relevée dans les 2 blobs houses et l’heure notée. La lumière est allumée juste le temps des manipulations.

Installation des blobs houses

Manipulations du soir

Nous relevons les températures ambiantes, minimales et maximales puis prenons toutes les boites de Pétri en photo. Chaque boite est installée dans sa blob house avec un double décimètre (pour avoir l’échelle), le thermomètre attitré à cette blob house et un papier avec des informations importantes pour l’équipe du CNRS : jour (J1, J2, J3 etc), heure, numéro de boite, contrôle ou expérimental, température. Afin de gagner du temps, j’ai fait quelques copier/coller et imprimé les étiquettes.

Une fois tout ceci fait, il faut trouver quoi faire de tous les ronds de blob car nous devons les jeter tous les soirs. J’essaie d’en donner et d’en endormir. Ceux qui sont abîmés (les expérimentaux) sont placés dans un bol au congélateur pour les tuer avant de les jeter.
Puis vient l’heure de la vaisselle. Ça n’a l’air de rien dit comme ça mais chaque soir il faut passer les 24 boites (les 8 du matin et les 16 du soir) soient 48 morceaux de plastique dans une bassine avec de la javel diluée, les laver puis les sécher. Préparer une nouvelle gélose et remplir les boites de Pétri jusqu’au petit trait, pas plus. Ça prend un temps fou !

Protocole 13

C’est un protocole sur 10 jours où les blobs expérimentaux sont soumis à une température de 30 °C pendant 6 jours puis à température ambiante durant 4 jours. Les blobs « contrôle » eux sont à température ambiante.
Nous avons des manipulations à faire matin et soir et avons choisi un intervalle de 7h. Nous nous occupons des blobs à 11h30 puis à 18h30.

Je vous épargne la centaine de photos mais pour que vous compreniez le principe et les conséquences de la chaleur sur le blob voici quelques exemples.

Photos du groupe contrôle resté à température ambiante, pour les expériences croissance et exploration :

  • Blob contrôle croissance-bas
  • Blob contrôle exploration

Photos du groupe expérimental soumis à 30°C, pour les expériences croissance :

  • Blob expérimental croissance-bas
  • Blob expérimental croissance-haut

Photos du groupe expérimental soumis à 30°C, pour les expériences exploration :

  • Blob expérimental exploration-bas
  • Blob expérimental exploration-haut

On voit clairement que les blobs chauffés se développent moins que ceux à température ambiante. Les blobs qui sont dans les boites de Pétri les plus proches de la lampe chauffante ne se développent pas, blanchissent et finissent par mourir.

Ce protocole s’est terminé à la fin du Jour 5 car tous les blobs expérimentaux sont morts les uns après les autres…


Nos plus beaux blobs, hors de l’expérimentation


Les expériences des loupiots

Aronnax marchera-t-il sur l’eau ?

Le blob deviendra-t-il rouge ?

La maman des loupiots réussira-t-elle a faire des sclérotes ?

Le blob soumis à l’expérience de Masaru Emoto.

Pour aller plus loin :

Le site d’Audrey Dussutour, spécialiste du Blob au CNRS
Le projet « Derrière le blob, la recherche » du CNRS
La page regroupant les tutos et ressources, mise à jour régulièrement

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